Cobotiques II – Systèmes en communication avec leur milieu

Le projet se construit autour d’une expérience de cinq jours dans laquelle un robot imprime en 3D à l’intérieur d’un substrat colonisé par des bactéries qui guident son comportement. Cette installation se traduit par une géométrie qui évolue sans cesse due à l’indétermination dans la prolifération des bactéries interagissant avec le robot. Ainsi sans aucune intervention humaine le robot est capable d’intégrer le fonctionnement des bactéries qui simulent un écosystème vivant par le processus d’auto-organisation. Le fonctionnement de l’expérience est le suivant : Les mouvements des bactéries, sont cartographiés par algorithme à partir de prises de vues perpendiculaires afin de définir des zones disponibles à l’intervention. Une fois ces zones définies, un bras robotique 6 axes, équipé d’un système d’extrusion, va intervenir dans la zone choisie pour y extruder une construction à base de gel hyper-nutritif, qui va venir perturber localement la prolifération des bactéries. Très rapidement, la structure extrudée par le robot est incluse dans le processus de prolifération des bactéries et participe à leur évolution. Ainsi le processus peut être repris depuis le début. La prolifération dans le substrat est cartographiée à nouveau, cette fois avec la structure imprimée prise en compte afin de venir imprimer une nouvelle structure qui complètera celle de l’itération précédente. Ce processus peut ainsi être répété à l’infini.

À l’issue des 5 jours d’expérimentation ou le dispositif s’est transformé continuellement, afin de capturer les différentes étapes par lesquelles il est passé nous avions documenté le processus d’une part avec des scans 3D réalisées entre chaque intervention faite par le robot. Et d’autre part avec les différentes cartes extraites par le processus cartographique. Le processus cartographique joue un rôle essentiel dans le dispositif car c’est lui qui permet d’établir un mode de communication entre la matière biotique et la matière numérique. Il consiste à prendre une photo du substrat a un instant t, transformer avec l’aide d’un algorithme l’image en carte gradiente afin de définir quelles zones sont envahies (ou simplement non envahies) par quel individu, définir des points disponibles à l’extrusion, puis les regrouper afin d’en choisir un seul dans lequel le robot va venir imprimer.

Une fois les données des 5 jours d’expérimentation traitées, la suite a été d’identifier les logiques de prolifération et d’auto-organisation chez les bactéries afin de venir les réappliquer sur des espaces bâtis. Pour faire ainsi nous avions repris les algorithmes qui ont servi pour les bactéries et nous les avons fait tourner sur des plans de villes avec des géométries et des organisations distinctes afin de comparer leur version originale à leur version cartographiée.